Au Début

Publié le par le journal d'une aide-soignante maltraitée

Je suis née un jour de janvier dans une clinique rue Ponscarme près du pont de Tolbiac dans le 13e arrondissement de Paris, d'une maman assistance maternelle, et d'un papa ouvrier dans le bâtiment, je suis la dernière d'une fratrie de 4.

Nous habitions dans un immeuble avenue d'Italie, j'allais à l'école rue Auguste Perret, bref nous étions une famille tous ce qu'il y a de plus normal jusqu'au jour où tout à basculer ...

L'aînée était mariée, mon frère venait de quitter la maison pour s'installer avec sa copine, il ne restait plus que ma sœur étudiante à la Sorbonne et moi revenant d'une année passer en pension près de Saint -Etienne, je m'apprêtais à faire ma rentrée en 5ème dans un collège privé, j'ai 13ans, et je me vois médecin.

Ce 26 novembre 1992, tout bascule, mon père décède très rapidement d'un cancer incurable et découvert beaucoup trop tard pour envisager le moindre traitement.

Lui le pilier de notre famille, lui qui était dur mais juste, lui qui à sa façon nous montraient qu'ils nous aimaient, jamais par les mots, mais plutôt par des attentions, lui qui comptait aussi beaucoup sur maman, nous a quittés brutalement !!!

À ce moment précis j'ai compris que plus rien ne serais comme avant !!!

Les mois qui suivirent sa mort, je sentais peu à peu la tristesse et la colère m'envahir, je n'avais plus envie de rien, plus envie de manger, plus envie de sourire, plus envie d'étudier, plus envie de vivre tout simplement.

Après plusieurs tentatives de suicides, multiples hospitalisations en service de pédopsychiatrie à la pitié/salpêtrière et des années de thérapie (qui ne m'ont servie à rien juste à me faire perdre mon temps), des années à faire la fête, à boire beaucoup pour oublier que j'étais malheureuse, je me suis réveiller, voulais reprendre ma vie là où elle c'était arrêter, j'ai 20ans, mais il était trop tard pour envisager de faire médecine!

Entre-temps à l'âge de 16 ans, avec ma maman nous avons quitté Paris, pour nous installer dans la maison de mon grand- père maternelle dans le centre de la France.

Je n'avais aucuns diplômes, que des petits boulots par-ci par-là, mais rien de bien qualifiant.

J'ai donc repris mes études, je suis retournée sur les bancs du lycée à l'âge ou normalement on est plutôt sur ceux de la fac, mais j'y suis quand même arrivée et j'ai obtenu un diplôme, j'ai continué encore au lycée une année après mais j'ai laissé tomber car cela ne m'intéressais plus, avec de l'aide j'ai trouvé une formation qui m'a aider à préparer le concours d'entrée à l'école d'aide-soignante, car contrairement aux idées reçues ce concours n'est pas si facile que ça.

J'ai donc passé ce concours que j'ai réussie, si bien que j'étais dans les 10 premières, et croyez-moi, j'en étais la première étonnée.

Et je suis donc partie pour une année de formation à l'école d'aide-soignant (e) du ch. de la tour blanche à Issoudun (36), nous sommes en octobre 2002.

Pendant, cette année, j'ai appris beaucoup de choses, que ce soit en pratique ou en théorie, mais je n'ai jamais été réellement préparé à découvrir ce qu'était ce métier, et toute la force psychologique et physique qu'il fallait avoir, j'ai vraiment compris ce que c'était lors d'un stage en juillet 2003 c'était la canicule !!!

J'étais dans un service ou les patients avaient différentes pathologies, il y avait des patients là pour des examens et d'autre en fin de vie, et pendant ce stage, j'ai compris que quelques soit le temps, quelques soit ton état, tes problèmes, tu dois être présente pour les patients quels qui soient, car à ce moment-là les plus faible mourraient, du fait de la maladie, mais aussi à cause de cette chaleur insupportable, suffocante qu'il régnait, malgré tous les efforts que nous faisions pour que cela deviennent plus supportable.

J'ai vraiment été mise dans le bain, ou ce jour de juillet, une infirmière trop occuper à faire de "l'administratif" suite aux nombreux décès, me demanda de faire la toilette mortuaire de Mme X qui venait de mourir, et comme le constat de décès venait d'être fait, il fallait se dépêcher de la préparer car avec la chaleur, l'odeur allait devenir vite désagréable (ce sont ces mots, je m'en souviens comme si c'était hier), je ne me rappelles plus de son prénom, bref, j'ai été prise de panique, car depuis le début de ma formation je n'avais jamais été confronter à la mort, enfin je savais à quoi je m'attendais car j'avais déjà vu des morts, mais là, je devais préparer cette personne, c'est à dire, la laver et l'habiller, et seule, car toutes les autres aide-soignante été occuper avec d'autres patients, moi élève aide-soignante je devais faire ça !!!

Je me disais comment je vais faire, j'ai jamais fait ça, mais je commençais à préparer mon matériel en ayant le cœur prêt à exploser et les mains tremblantes.

Heureusement au final, j'ai pu compter sur une collègue, qui m'a accompagner tous le long, et m'expliquant ce qu'il fallait faire, qui me disait que si je trouvais ça dur c'était normal, car même elle après des années de pratique c'était le moment qu'elle ne supportait pas, et qu'il était impossible de se blinder, car chaque patient est différent, chaque fin de vie est différente, et que si un jour j'arrivais à être blinder, c'est que j'avais fait le tour de ce métier et qu'il faudrait que je fasses autres choses.

Aujourd'hui encore je me rappelle de ses mots, et je me dis qu'elle avait raison car je ne me suis jamais faite à cette partie de mon métier.

Après cette toilette, la famille de la défunte nous à remercier pour les soins, et les attentions que nous lui avions apportés tout au long de son hospitalisation, j'en étais très étonner car je me disais que c'était normal, que nous avions simplement fait notre travail.

Après cette dure journée, je suis rentrée chez moi, et là je me suis mise à pleurer comme si c'était moi qui avais perdu un parent, je me trouvais bête mais qu'est-ce que cela me soulageais !!!!

​Mais au final j'étais sure d'une chose, j'étais sur la bonne voie, c'était ce métier que je voulais faire!!!

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